auguste lacaussade personnage réunionnais

 

Les personnages Réunionnais.

Fermer

Auguste Lacaussade17 février1817 / 31 juillet 1897.

 

 

Né à Saint-Denis le 17 février 1817 , il est issu d'une union libre, son père avocat d'origine bordelaise, Pierre-Augustin Cazenave de Lacaussade, sa mère une esclave affranchie, Fanny-lucile Déjardin. A cause de ses origines colorées d'illégitimité  il lui est interdit d'intégrer le collège Royal des Colonies. Il part donc à Nantes pour faire ses études à l'age de 10 ans. 

Ses études secondaires achevées il revient à l'île de la réunion, pour une période de deux ans. Lacaussade décide de repartir pour Paris, il souhaite combattre en faveur de l'abolition de l'esclavage. Il débute sa carrière d'écrivain par des vers insérés dans " La Revue de Paris". En 1839, il publie son premier recueil intitulé "Les Salaziennes" dédicacé à Victor Hugo sa référence. Par la suite il traduit les auteurs britanniques : Ossian en 1842, Léopardi, Anacréon.

Pendant la Révolution de 1848, il rejoint  le groupe d'abolitionnistes. Le gouvernement provisoire proclame le principe de l'abolition de l'esclavage, une victoire pour Auguste Lacaussade.

En 1852, paraissent ses pièces majeures, rassemblées sous le titre "Poèmes et Paysages".

La légion d'honneur et la pension votée en 1853, par le Conseil Colonial récompensent son talent. En 1861 il publie "Les épaves".

 

 

Le 14 mai 1870 il est nommé conservateur de la bibliothèque du ministère de l'instruction publique, le 1er janvier 1873, bibliothécaire à la bibliothèque du Luxembourg, devenu le 1er juillet 1876, celui de bibliothécaire du Sénat, poste qu'il conserva jusqu'à sa mort le 31 juillet 1897.

 

Poèmes et Paysage.

A L'ÎLE NATALE

O terre des palmiers, pays d’Eléonore,
Qu’emplissent de leurs chants la mer et les oiseaux !
Île des bengalis, des brises, de l’aurore !
Lotus immaculé sortant du bleu des eaux !
Svelte et suave enfant de la forte nature,
Toi qui sur les contours de ta nudité pure,
Libre, laisses rouler au vent ta chevelure,
Vierge et belle aujourd’hui comme Ève à son réveil ;
Muse natale, muse au radieux sourire,
Toi qui dans tes beautés, jeune, m’appris à lire,
A toi mes chants ! à toi mes hymnes et ma lyre,
O terre où je naquis ! ô terre du soleil !

Auguste Lacaussade

 

Les Salaziennes. Extrait. Hommage à l'esclave "marron " (esclave en fuite) ANCHAINE, qui laissa son nom à une montagne de l'île de la Réunion.

 

Mais quel est ce piton dont le front sourcilleux
Se dresse, monte et va se perdre dans les cieux ?
Ce mont pyramidal, c'est le piton d'Anchaine.
De l'esclave indompté brisant la lourde chaîne, 
C'est à ce mont inculte, inaccessible, affreux, 
Que dans son désespoir un Nègre malheureux
Est venu demander sa liberté ravie.
Il féconda ces rocs et leur donna la vie ;
Car, pliant son courage à d'utiles labeurs,
Il arrosait le sol de ses libres sueurs.
Il vivait de poissons, de chasse et de racines ;
Parfois, dans la forêt ou le creux des ravines,
Aux abeilles des bois il ravissait leur miel,
Ou prenait dans ses lacs le libre oiseau du ciel.
Séparé dans ces lieux de toute créature,
Se nourrissant des dons offerts pas la nature,
Africain exposé sur ces mornes déserts
Aux mortelles rigueurs des plus rudes hivers,
Il préférait sa vie incertaine et sauvage
À des jours plus heureux coulés dans l'esclavage ;
Et, debout sur ces monts qu'il prenait à témoins,
Souvent il s'écriait : je suis libre du moins !
Cependant, comme l'aigle habitant des montagnes,
Qui du trône des airs descend vers les campagnes,
Sur la terre et les champs plane avec majesté, 
Et, s'approchant du sol par sa proie habité, 
La ravissant au ciel dans sa puissante serre,
Reprend son vol royal et remonte à son aire ; 
Le noble fugitif, abandonnant les bois,
De son mont escarpé descendait quelquefois ; 
Il parcourait les champs, butinait dans la plaine,
Et revolant ensuite à son affreux domaine
Par l'âpre aspérité d'un sentier rude et nu,
Invisible aux regards et de lui seul connu,
Il regagnait bientôt sa hutte solitaire

 

Auguste Lacaussade.

Haut de page